Sunday, December 2, 2007

War Made Easy: propagande guerrière

1er dec 2007
Normand Provencher
Le Soleil


Sans le savoir, ou plutôt sans vouloir le savoir, le peuple américain se fait remplir comme une amphore lorsqu’il s’agit de déclarer la guerre à un pays ennemi. Depuis un demi-siècle, la propagande de la Maison-Blanche, par médias interposés, est si puissante qu’elle marginalise le discours pacifiste.

Telle est la thèse défendue avec succès par le documentaire War Made Easy, de Loretta Alper et Jeremy Earp, à travers une série de films d’archives et le constat implacable du critique de médias Norman Solomon.

Le discours n’est peut-être pas nouveau, mais le travail de défrichage et le recoupement des faits conduisent à un portrait pour le moins dévastateur des stratégies mises en place par les gouvernements américains successifs afin de vendre le concept de la guerre, peu importe les coûts financiers et humains.

Que ce soit au Viêtnam ou en Irak, que le président se nomme Johnson, Nixon ou Bush, le plan de match est toujours échafaudé de façon à embellir la réalité et à maintenir le support populaire à la guerre. Peu importe l’endroit où les soldats américains débarquent, c’est toujours au nom de la paix, de la liberté et de la démocratie, fait remarquer Solomon. «En réalité, la guerre se perpétue quand elle est utilisée comme raison pour la paix.»

C’est bien beau vouloir partir en guerre, mais la collaboration des médias est indispensable pour espérer vaincre l’adversaire. War Made Easy démontre que le Pentagone, soucieux de ne pas répéter l’expérience du Viêtnam, a su faire des grands réseaux de télé américains ses plus fidèles porte-étendards. Plus souvent qu’autrement, le discours officiel est repris sans aucun travail de vérification. Si le secrétaire d’État Colin Powell clame haut et fort devant les Nations unies qu’il y a des armes de destruction massive en Irak, c’est qu’il y en a, point à la ligne.

Les traîtres à la nation qui osent se poser des questions légitimes tout haut, comme le commentateur Phil Donahue, de MSNBC, se font montrer la porte. «Si vous êtes pour la guerre, vous êtes objectifs; si vous êtes contre, vous êtes biaisés.»

Au lieu de poser les vraies questions et d’être les chiens de garde de l’administration américaine, les journalistes choisissent d’être des collaborateurs aveuglés par la propagande, davantage soucieux de parler de l’avion dernier cri de l’armée que des milliers de civils tués chez l’ennemi. Une note interne d’un patron de CNN à ses journalistes leur demandait de toujours mettre en parallèle les bombardements américains en Afghanistan et les 5000 morts du 11 septembre.

War Made Easy (présenté en version originale anglaise sous-titrée) ne cache pas ses allégeances de gauche. À preuve, la narration faite par l’acteur et activiste Sean Penn. Mais peu importe notre position sur le spectre politique, force est d’admettre que le documentaire collige des faits troublants qui amènent à une réflexion en profondeur sur les agissements des «faucons» du Pentagone.

Un film qui risque de vous revenir en mémoire la prochaine fois qu’un président américain montrera les dents...




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